dimanche 28 septembre 2008

Communication d'Emmanuelle Avril


L’UTILISATION DU WEB 2.0 EN GRANDE-BRETAGNE : VERS UNE DEMOCRATIE NUMERIQUE ?

Le numéro du magazine Time daté du 18 décembre 2006 attribua le titre de « personnalité de l'année » 2006 non pas à un individu marquant, mais à « vous », c'est-à-dire tous les utilisateurs ou créateurs de sites sur le Web. Aussi la page de couverture du magazine était-elle illustrée d’un clavier blanc surmonté d’un miroir dans lequel le lecteur pouvait voir son propre reflet.

Comme dans le reste du monde, les technologies de l’information et de la communication marquent l’entrée de la Grande-Bretagne dans un nouvel âge de la citoyenneté. En réponse à l’apathie montante les dirigeants et les autorités locales tentent de mettre en place une 'démocratie délibérative’, dans laquelle les différents points de vue peuvent s’exprimer dans un système de communication présentant une interactivité accrue. Pour autant, la démocratie numérique est-elle la panacée de la participation, la réponse à la crise de la représentation qui affecte la Grande-Bretagne contemporaine ? Les nouvelles technologies favorisent-elles un épanouissement de la démocratie ? Comment un espace démocratique virtuel peut-il être représentatif lorsque le déficit numérique continue d’exclure des pans entiers de la population susceptible de participer ?

En tout état de cause le développement de la technologie Web 2.0 instaure un nouveau type de relation entre les électeurs (et militants) et les partis politiques soucieux de tisser par le biais de la toile un nouveau type de lien avec un auditoire plus vaste. De la même façon, les gouvernements locaux et les groupes de la société civile innovent pour améliorer l’engagement des citoyens dans la prise de décisions, les villes se plaçant à l'avant-garde de l'exploitation des technologies de l’information pour transformer la manière dont les gouvernements communiquent avec les citoyens. Le pari est qu’Internet pourra revigorer la démocratie en encourageant une communication plus efficace, plus ‘directe’, avec les citoyens. En retour, le Web 2.0 (en particulier les blogs et les réseaux sociaux), dont le contenu est généré par les utilisateurs mêmes, présente un degré de transparence et d’accès qui remet en cause les structures décisionnelles existantes.


Emmanuelle Avril, CREC, Université de Paris 3 - Sorbonne-Nouvelle

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